Cours de langue des signes au LPA : quand les élèves se mettent à la place des professeurs

Tous les jeudis de 13h00 à 13h45, depuis novembre dernier, jeunes et adultes qui le souhaitent se retrouvent dans une salle de classe avec Noémie, élève sourde inscrite en CAP élevage équin, et Morgane, son interprète, formatrice LSF (Langue des Signes Française).

Tout commence quelques semaines après la rentrée, quand Morgane fait le constat des difficultés de communication et d’intégration entre Noémie et les autres élèves de sa classe. Elle propose alors à Noémie d’organiser avec son concours une série d’activités de sensibilisation à la surdité et de cours de langue des signes. Il s’agit d’expliquer comment fonctionne ce langage spécifique et d’enseigner les bases du vocabulaire lié à la vie quotidienne.

Madalen, une élève de sa classe, s’est aussitôt inscrite : « Noémie nous a apporté des casques anti-bruit, et l’interprète a lu un texte. Il fallait essayer de deviner ce qu’elle disait. Cela nous permettait de se mettre à sa place. « J’ai tout de suite trouvé ça très intéressant et les cours sont bien faits, j’ai donc pris l’habitude d’y aller chaque semaine. On avance tout doucement car en plus du vocabulaire, il faut apprendre une nouvelle façon de construire des phrases. » Les expressions du visage aussi sont très importantes. Les apprenants l’oublient parfois car ils se concentrent uniquement sur les gestes.

Noémie est très motivée pour transmettre son savoir, mais la maîtrise de la langue des signes résulte d’un long apprentissage. Il reste donc compliqué pour les élèves d’avoir une réelle discussion avec elle. Jusqu’alors interdit d’utilisation dans l’établissement, c’est grâce au téléphone que Noémie a pu sortir d’une solitude parfois pesante. « La communication avec les autres pendant les pauses a réellement démarré à partir du moment où les élèves ont eu l’autorisation d’utiliser leur portable. Au début, je me sentais vraiment seule.» Elle estime que la moitié des élèves de sa classe utilisent leur portable pour communiquer avec elle, ce qui a considérablement changé son quotidien. Manon, une élève de sa classe, précise : « Il ne faut pas oublier les emojis car ce sont eux qui peuvent traduire les émotions qu’on transmet d’habitude avec notre visage. »

Les professeurs aussi y trouvent un bénéfice certain : « C’est une expérience formidable qui nous permet d’avoir de brefs échanges directs avec Noémie. En tant qu’enseignant, cela permet aussi de mieux comprendre son raisonnement et donc de l’évaluer de manière plus juste. » précise Anne-Claude, enseignante en sciences et techniques professionnelles.

Noémie trouve les élèves concentrés et assidus, et compte bien poursuivre l’expérience jusqu’à la fin de l’année. D’ailleurs, les cours obtiennent un succès grandissant et des élèves d’autres classes sont venus rejoindre le groupe.